Le ministère des Affaires étrangères au bord du gouffre
La commission Affaires étrangères, Cultes et Haïtiens vivant à l’étranger a rencontré ce jeudi 11 mai 2017 le ministre des Affaires étrangères et des Cultes Antonio Rodrigue autour de la mise en application de la feuille de route octroyée à son ministère. Le ministre en a profité pour présenter un état des lieux du MAE qui, selon lui connaît une situation « très grave » aujourd’hui.
Publié le 2017-05-11 | Le Nouvelliste
Un budget de 2 milliards 899 millions 999 mille 619 gourdes épuisé a 90%, un personnel pléthorique tant à l’interne que dans les 49 missions diplomatiques du pays, un local qui n’arrive pas à accommoder l’ensemble du personnel, le ministère des Affaires étrangères et des Cultes est aujourd’hui sur les dents et le ministre Antonio Rodrigue ne compte pas garder un silence complice. « Pour ne rien vous cacher, honorables députés, l’état des lieux est alarmant, les difficultés sont énormes », crache le ministre Antonio Rodrigue. Sur le plan interne, le ministère des Affaires étrangères compte 641 agents repartis en 571 fonctionnaires et 70 contractuels. Toutes cette pléiade n’est que pour la galerie, fustige le ministre indiquant que « les directions du ministère sont dépourvues de cadres valables ». Comme une guigne, le mal du ministère des Affaires étrangères le poursuit jusque dans les missions diplomatiques, encore frappées du surplus de personnel. Les 49 missions diplomatiques du pays comptent aujourd’hui 1 003 membres, selon le décompte du ministre qui les classe en 188 diplomates et 515 contractuels, nécessitant des allocations de l’ordre de 4 millions 295 mille dollars américains mensuellement. Affirmant que « la chancellerie, aujourd’hui à bout de souffle et se trouve dans l’incapacité de payer ses contractuels et ses diplomates à l’étranger », le ministre parie que si rien n’est fait pour réduire ce personnel, « c’est la faillite assurée de la diplomatie et du MAE ». Accompagné du directeur des Affaires étrangères du ministère, le ministre se veut plutôt impitoyable dans son état des lieux qui, à chaque phase, éclabousse un peu plus les autorités qui se sont succédé à la tête du ministère des Affaires étrangères. Outre des employés et des contractuels « de trop » dans le ministère et ses missions diplomatiques, le ministre Antonio Rodrigue dévoile que le ministère qu’il dirige n’a pas jusqu’à cette date une politique extérieure bien définie. « La chancellerie se contente à chaque situation sans fixer des objectifs à court, à moyen et à long terme », dénonce le ministre. Face à ces défis, le ministre dit, conformément à sa feuille de route, vouloir effectuer une reforme dans la diplomatie haïtienne. Déjà, une équipe est mise sur pied au sein du ministère en vue de cette réforme. Le travail de cette commission qui a débuté en avril dernier consiste à diagnostiquer la situation du ministère, réformer la structure en révisant les outils légaux et mettre en place un protocole d’Etat afin de mieux camper le pays devant ses partenaires internationaux.
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